Monday, March 16, 2020

Cours n°21 Tout seul / La morte amoureuse / Pratique du dessin

« Je ne vois pas l'intérêt de surenchérir avec des phrases quand l'image raconte tout d'elle même. C'est ma manière de travailler. »

 CHABOUTÉTout Seul
roman graphique présenté par Jeanne


I. présenter l’auteur

Chabouté est d'origine alsacienne. Il a publié son premier ouvrage, Sorcières, en 1998. Il a encore publié beaucoup d’ouvrages. En 2008, Tout seul était publié aux éditions Vent D’ouest. Cet ouvrage est alors considéré comme son chef d’œuvre par Publishers Weekly.

II . présenter son oeuvre
Tout Seul est une bande dessinée qui évoque le sentiment de solitude. Elle raconte l’histoire d’un homme  qui vit dans un phare, sur un rocher, dans un « vaisseau de granit », bateau immobile qui ne l'emmène nulle part et qui ne rejoindra jamais aucun port. Grâce à ces images, on peut comprendre le sentiment de solitude.

Dans cette BD, je pense que la chose la plus importante qu’il veut transmettre est le sentiment de solitude. L’homme dans ce récit est laid Il ne veut jamais quitter son petit phare. Mais il a toujours le désir de voir comment est le monde « là-bas ». Il a beaucoup d’imagination. Le récit est logique et exprime la solitude et le silence. Il y a juste des dialogues avec les pécheurs et le bruit de vagues ou les cris des mouettes. 

Dans le premier chapitre Chabouté utilise une mouette pour faire ressortir l’élément principal de cette histoire : le phare. Comme dans un film, la mouette survole la mer et atterrit sur le phare. Chabouté consacre beaucoup de pages à l’illustration de cette scène.

Et dans la deuxième partie de l’histoire, le fils de l'ancien gardien de phare qui souffre de difformité, vit désormais dans un isolement total. Ses parents ont laissé des instructions à un pêcheur local pour continuer à donner les fournitures au phare chaque semaine, mais jamais, en aucun cas, d'interagir avec leur fils. Cela dure depuis 15 ans, lorsque le pêcheur engage un nouveau pêcheur. Celui-ci apprend l'histoire de l'ermite se demande pourquoi l’homme vit dans le phare. Pourquoi ne veut-il par sortir de ce petit phare ? Donc il décide d'essayer de l'aider. Au bout d’une semaine, il laisse secrètement une note qui dit simplement "Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?" et à partir de ce moment, la vie de l'ermite est changée.

La vie de l’hermite est routinière. Seule son imagination lui permet de se distraire. Il pêche tous les jours, s'approvisionne chaque semaine sur le quai. Il ne semble posséder qu'un seul livre, un dictionnaire, mais il a pris l’habitude de l'ouvrir sur une page au hasard chaque soir, puis de fermer les yeux et de mettre le doigt sur une entrée. À partir de cette entrée, il se transporte dans des endroits étranges et merveilleux. Dans cette image, il se laisse aller à son imagination à partir du mot hautbois et de sa définition « instrument de musique à trous et à clefs ».

Le récit a beau nous plonger dans le silence et l'observation, ce n'est pas pour autant que la BD, dense, avec ses 368 pages, se lit vite. Au contraire, on se surprend à passer du temps sur chaque case, avançant doucement mais sûrement, telles les mouettes planant au-dessus de l'eau, se laissant porter par le mouvement des vagues. Avec Tout seul, Chabouté signe un récit fort et sublime, graphiquement abouti, où résonne une grande bonté.

III . l'analyse d'une planche de votre choix où vous expliquez le graphiquement de la solitude.


Planche 183 à 185

Ces planches raconte la scène où l’hermite découvre le mot de solitude. Chabouté dessine clairement le visage de l’homme. Le changement de visage était très précis. Et chaque dessin est très sombres fondé sur un contraste très fort (blanc sur noir) et où le noir domine. Chabouté fait une économie de paroles. Le personnage ne dit pas un mot, mais grâce aux dessins, nous pouvons facilement voir le sentiment qui l’habite : la tristesse.
La composition des images en séquence est aussi importante. Chabouté utilise beaucoup de planches pour illustrer le mouvement de l’homme. Il regarde le mot, le sourire disparaît, il sort son table et il va dormir. C’est juste un mouvement simple mais on peut comprendre sa déception.

IV. comparasion avec les autres auteurs que vous avez déjà rencontré

Je pense que le style de Chabouté est semblable à celui de Philippe Claudel. Parce qu’ils exploitent tous les deux le contraste entre le noir et le blanc pour exprimer des vies  minuscules mais dont les personnages sont animés par des pensées complexes… multiples, contradictoires. C’est ce qui les rapproche.


II - Lecture de La Morte Amoureuse de Théophile Gautier (troisième partie)
http://theophilegautier.fr/wp-content/uploads/2010/06/La-morte-amoureuse.pdf

Groupe 1 : Jeanne-Éléonore-Pauline 
Groupe 2 : Honorine-Alice-Uriel
Groupe 3 : Claire-Dorothée
Groupe 4 : Sandrine-Myriam

L'ombre gagna le palais, et ce ne fut plus qu'un océan immobile de toits et de combles où l'on ne distinguait rien qu'une ondulation montueuse. Sérapion toucha sa mule, dont la mienne prit aussitôt l'allure, et un coude du chemin me déroba pour toujours la ville de S..., car je n'y devais pas revenir. Au bout de trois journées de route par des campagnes assez tristes, nous vîmes poindre à travers les arbres le coq du clocher de l'église que je devais desservir ; et, après avoir suivi quelques rues tortueuses bordées de chaumières et de courtils, nous nous trouvâmes devant la façade, qui n'était pas d'une grande magnificence. Un porche orné de quelques nervures et de deux ou trois piliers de grès grossièrement taillés, un toit en tuiles et des contreforts du même grès que les piliers, c'était tout : à gauche le cimetière tout plein de hautes herbes, avec une grande croix de fer au milieu ; à droite et dans l'ombre de l'église, le presbytère. C'était une maison d'une simplicité extrême et d'une propreté aride. Nous entrâmes ; quelques poules picotaient sur la terre de rares grains d'avoine ; accoutumées apparemment à l'habit noir des ecclésiastiques, elles ne s'effarouchèrent point de notre présence et se dérangèrent à peine pour nous laisser passer. Un aboi éraillé et enroué se fit entendre, et nous vîmes accourir un vieux chien. 
 
C'était le chien de mon prédécesseur. Il avait l'œil terne, le poil gris et tous les symptômes de la plus haute vieillesse où puisse atteindre un chien. Je le flattai doucement de la main, et il se mit aussitôt à marcher à côté de moi avec un air de satisfaction inexprimable. Une femme assez âgée, et qui avait été la gouvernante de l'ancien curé, vint aussi à notre rencontre, et, après m'avoir fait entrer dans une salle basse, me demanda si mon intention était de la garder. Je lui répondis que je la garderais, elle et le chien, et aussi les poules, et tout le mobilier que son maître lui avait laissé à sa mort, ce qui la fit entrer dans un transport de joie, l'abbé Sérapion lui ayant donné sur-le-champ le prix qu'elle en voulait.

Mon installation faite, l'abbé Sérapion retourna au séminaire. Je demeurai donc seul et sans autre appui que moi-même. La pensée de Clarimonde recommença à m'obséder, et, quelques efforts que je fisse pour la chasser, je n'y parvenais pas toujours. Un soir, en me promenant dans les allées bordées de buis de mon petit jardin, il me sembla voir à travers la charmille une forme de femme qui suivait tous mes mouvements, et entre les feuilles étinceler les deux prunelles vert de mer ; mais ce n'était qu'une illusion, et, ayant passé de l'autre côté de l'allée, je n'y trouvai rien qu'une trace de pied sur le sable, si petit qu'on eût dit un pied d'enfant. Le jardin était entouré de murailles très hautes ; j'en visitai tous les coins et recoins, il n'y avait personne. Je n'ai jamais pu m'expliquer cette circonstance qui, du reste, n'était rien à côté des étranges choses qui me devaient arriver. Je vivais ainsi depuis un an, remplissant avec exactitude tous les devoirs de mon état, priant, jeûnant, exhortant et secourant les malades, faisant l'aumône jusqu'à me retrancher les nécessités les plus indispensables. Mais je sentais au dedans de moi une aridité extrême, et les sources de la grâce m'étaient fermées. Je ne jouissais pas de ce bonheur que donne l'accomplissement d'une sainte mission ; mon idée était ailleurs, et les paroles de Clarimonde me revenaient souvent sur les lèvres comme une espèce de refrain involontaire. O frère, méditez bien ceci ! Pour avoir levé une seule fois le regard sur une femme, pour une faute en apparence si légère, j'ai éprouvé pendant plusieurs années les plus misérables agitations : ma vie a été troublée à tout jamais.
Je ne vous retiendrai pas plus longtemps sur ces défaites et sur ces victoires intérieures toujours suivies de rechutes plus profondes, et je passerai sur-le-champ à une circonstance décisive. Une nuit l'on sonna violemment à ma porte. La vieille gouvernante alla ouvrir, et un homme au teint cuivré et richement vêtu, mais selon une mode étrangère, avec un long poignard, se dessina sous les rayons de la lanterne de Barbara. Son premier mouvement fut la frayeur ; mais l'homme la rassura, et lui dit qu'il avait besoin de me voir sur-le-champ pour quelque chose qui concernait mon ministère. Barbara le fit monter. J'allais me mettre au lit. L'homme me dit que sa maîtresse, une très grande dame, était à l'article de la mort et désirait un prêtre. Je répondis que j'étais prêt à le suivre ; je pris avec moi ce qu'il fallait pour l'extrême-onction et je descendis en toute hâte. A la porte piaffaient d'impatience deux chevaux noirs comme la nuit, et soufflant sur leur poitrail deux longs flots de fumée. Il me tint l'étrier et m'aida à monter sur l'un, puis il sauta sur l'autre en appuyant seulement une main sur le pommeau de la selle. Il serra les genoux et lâcha les guides à son cheval qui partit comme la flèche. Le mien, dont il tenait la bride, prit aussi le galop et se maintint dans une égalité parfaite. Nous dévorions le chemin ; la terre filait sous nous grise et rayée, et les silhouettes noires des arbres s'enfuyaient comme une armée en déroute. Nous traversâmes une forêt d'un sombre si opaque et si glacial, que je me sentis courir sur la peau un frisson de superstitieuse terreur. Les aigrettes d'étincelles que les fers de nos chevaux arrachaient aux cailloux laissaient sur notre passage comme une traînée de feu, et si quelqu'un, à cette heure de nuit, nous eût vus, mon conducteur et moi, il nous eût pris pour deux spectres à cheval sur le cauchemar. Des feux follets traversaient de temps en temps le chemin, et les choucas piaulaient piteusement dans l'épaisseur du bois où brillaient de loin en loin les yeux phosphoriques de quelques chats sauvages. La crinière des chevaux s'échevelait de plus en plus, la sueur ruisselait sur leurs flancs, et leur haleine sortait bruyante et pressée de leurs narines. Mais, quand il les voyait faiblir, l'écuyer pour les ranimer poussait un cri guttural qui n'avait rien d'humain, et la course recommençait avec furie. Enfin le tourbillon s'arrêta ; une masse noire piquée de quelques points brillants se dressa subitement devant nous ; les pas de nos montures sonnèrent plus bruyants sur un plancher ferré, et nous entrâmes sous une voûte qui ouvrait sa gueule sombre entre deux énormes tours. Une grande agitation régnait dans le château ; des domestiques avec des torches à la main traversaient les cours en tous sens, et des lumières montaient et descendaient de palier en palier. J'entrevis confusément d'immenses architectures, des colonnes, des arcades, des perrons et des rampes, un luxe de construction tout à fait royal et féerique. Un page nègre, le même qui m'avait donné les tablettes de Clarimonde et que je reconnus à l'instant, me vint aider à descendre, et un majordome, vêtu de velours noir avec une chaîne d'or au col et une canne d'ivoire à la main, s'avança au devant de moi. De grosses larmes débordaient de ses yeux et coulaient le long de ses joues sur sa barbe blanche. " Trop tard ! fit-il en hochant la tête, trop tard ! seigneur prêtre ; mais, si vous n'avez pu sauver l'âme, venez veiller le pauvre corps. " Il me prit par le bras et me conduisit à la salle funèbre ; je pleurais aussi fort que lui, car j'avais compris que la morte n'était autre que cette Clarimonde tant et si follement aimée. Un prie-Dieu était disposé à côté du lit ; une flamme bleuâtre voltigeant sur une patère de bronze jetait par toute la chambre un jour faible et douteux, et çà et là faisait papilloter dans l'ombre quelque arête saillante de meuble ou de corniche. Sur la table, dans une urne ciselée, trempait une rose blanche fanée dont les feuilles, à l'exception d'une seule qui tenait encore, étaient toutes tombées au pied du vase comme des larmes odorantes ; un masque noir brisé, un éventail, des déguisements de toute espèce, traînaient sur les fauteuils et faisaient voir que la mort était arrivée dans cette somptueuse demeure à l'improviste et sans se faire annoncer. Je m'agenouillai sans oser jeter les yeux sur le lit, et je me mis à réciter les psaumes avec une grande ferveur, remerciant Dieu qu'il eût mis la tombe entre l'idée de cette femme et moi, pour que je pusse ajouter à mes prières son nom désormais sanctifié. Mais peu à peu cet élan se ralentit, et je tombai en rêverie. Cette chambre n'avait rien d'une chambre de mort. Au lieu de l'air fétide et cadavéreux que j'étais accoutumé à respirer en ces veilles funèbres, une langoureuse fumée d'essences orientales, je ne sais quelle amoureuse odeur de femme, nageait doucement dans l'air attiédi. Cette pâle lueur avait plutôt l'air d'un demi-jour ménagé pour la volupté que de la veilleuse au reflet jaune qui tremblote près des cadavres. Je songeais au singulier hasard qui m'avait fait retrouver Clarimonde au moment où je la perdais pour toujours, et un soupir de regret s'échappa de ma poitrine. Il me sembla qu'on avait soupiré aussi derrière moi, et je me retournai involontairement. C'était l'écho. Dans ce mouvement, mes yeux tombèrent sur le lit de parade qu'ils avaient jusqu'alors évité. Les rideaux de damas rouge à grandes fleurs, relevés par des torsades d'or, laissaient voir la morte couchée tout de son long et les mains jointes sur la poitrine. Elle était couverte d'un voile de lin d'une blancheur éblouissante, que le pourpre sombre de la tenture faisait encore mieux ressortir, et d'une telle finesse qu'il ne dérobait en rien la forme charmante de son corps et permettait de suivre ces belles lignes onduleuses comme le cou d'un cygne que la mort même n'avait pu roidir. On eût dit une statue d'albâtre faite par quelque sculpteur habile pour mettre sur un tombeau de reine, ou encore une jeune fille endormie sur qui il aurait neigé.


Pratique du dessin :  Métaphore de la dévoration et expression de la vitesse

Réfléchissons comme nous le recommande Scott Mc Cloud.

Celui-ci nous propose plusieurs méthodes pour figurer la vitesse sur une page immobile.
Essayons ces différentes versions pour illustrer ce passage de "la Morte amoureuse" :

"Nous dévorions le chemin ; la terre filait sous nous grise et rayée, et les silhouettes noires des arbres s'enfuyaient comme une armée en déroute."  


Comment exprimer dans cette scène « merveilleuse » la vitesse extraordinaire des deux montures au galop ?
 



Réfléchissons comme nous le recommande Scott Mc Cloud.

Celui-ci nous propose plusieurs méthodes pour figurer la vitesse sur une page immobile.
Essayons ces différentes versions pour illustrer ce passage de "la Morte amoureuse" :

"Nous dévorions le chemin ; la terre filait sous nous grise et rayée, et les silhouettes noires des arbres s'enfuyaient comme une armée en déroute."  


Comment exprimer dans cette scène « merveilleuse » la vitesse extraordinaire des deux montures au galop ?


Le Robinet de Brancusi par groupe et par chapitre

Chapitre 1 vu par  Henri, Yanis, Adrienne  Le scénario est bien tourné. Le dessin est maîtrisé, homogène et la couleur équilibrée. Ensembl...