« Je ne vois pas l'intérêt de surenchérir avec des phrases quand l'image raconte tout d'elle même. C'est ma manière de travailler. »
CHABOUTÉ- Tout Seul
roman graphique présenté par Jeanne
I.
présenter l’auteur
Chabouté est
d'origine
alsacienne. Il a publié son premier ouvrage, Sorcières,
en 1998. Il a encore publié beaucoup d’ouvrages. En 2008, Tout
seul
était publié aux éditions Vent D’ouest. Cet ouvrage est alors
considéré comme son chef d’œuvre par Publishers
Weekly.
II .
présenter son oeuvre
Tout
Seul
est une bande dessinée qui évoque le sentiment de solitude.
Elle raconte l’histoire d’un homme qui vit dans un phare,
sur un rocher, dans un « vaisseau de granit », bateau
immobile qui ne l'emmène nulle part et qui ne rejoindra jamais aucun
port. Grâce à ces images, on peut comprendre le sentiment de
solitude.
Dans
cette BD, je pense que la chose la plus importante qu’il veut
transmettre est le sentiment de solitude. L’homme dans ce récit
est laid Il ne veut jamais quitter son petit phare. Mais il a
toujours le désir de voir comment est le monde « là-bas ».
Il a beaucoup d’imagination. Le récit est logique et exprime la
solitude et le silence. Il y a juste des dialogues avec les pécheurs
et le bruit de vagues ou les cris des mouettes.
Dans
le premier chapitre Chabouté utilise une mouette pour faire
ressortir l’élément principal de cette histoire : le phare.
Comme dans un film, la mouette survole la mer et atterrit sur le
phare. Chabouté consacre beaucoup de pages à l’illustration de
cette scène.
Et
dans la deuxième partie de l’histoire, le fils de l'ancien
gardien de phare qui souffre de difformité, vit désormais dans un
isolement total. Ses parents ont laissé des instructions à un
pêcheur local pour continuer à donner les fournitures au phare
chaque semaine, mais jamais, en aucun cas, d'interagir avec leur
fils. Cela dure depuis 15 ans, lorsque le pêcheur engage un nouveau
pêcheur. Celui-ci apprend l'histoire de l'ermite se demande pourquoi
l’homme vit dans le phare. Pourquoi ne veut-il par sortir de ce
petit phare ? Donc il décide d'essayer de l'aider. Au bout
d’une semaine, il laisse secrètement une note qui dit simplement
"Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?" et à partir
de ce moment, la vie de l'ermite est changée.
La
vie de l’hermite est routinière. Seule son imagination lui permet
de se distraire. Il pêche tous les jours, s'approvisionne chaque
semaine sur le quai. Il ne semble posséder qu'un seul livre, un
dictionnaire, mais il a pris l’habitude de l'ouvrir sur une page au
hasard chaque soir, puis de fermer les yeux et de mettre le doigt sur
une entrée. À partir de cette entrée, il se transporte dans des
endroits étranges et merveilleux. Dans cette image, il se laisse
aller à son imagination à partir du mot hautbois
et de sa définition « instrument de musique à trous et à
clefs ».
Le
récit a beau nous plonger dans le silence et l'observation, ce n'est
pas pour autant que la BD, dense, avec ses 368 pages, se lit vite. Au
contraire, on se surprend à passer du temps sur chaque case,
avançant doucement mais sûrement, telles les mouettes planant
au-dessus de l'eau, se laissant porter par le mouvement des vagues.
Avec Tout
seul,
Chabouté signe un récit fort et sublime, graphiquement abouti, où
résonne une grande bonté.
III .
l'analyse
d'une planche de votre choix où vous expliquez le graphiquement de
la solitude.
Planche
183
à
185
Ces
planches
raconte la scène où l’hermite
découvre
le mot de solitude.
Chabouté
dessine clairement le visage de l’homme. Le
changement de visage était très précis.
Et chaque
dessin
est
très
sombres fondé sur un contraste
très
fort (blanc
sur noir) et
où le noir domine.
Chabouté
fait une économie de paroles. Le personnage
ne
dit pas
un
mot, mais grâce
aux
dessins,
nous pouvons facilement voir le sentiment qui
l’habite :
la
tristesse.
La
composition des images en
séquence est
aussi importante.
Chabouté utilise beaucoup de planches
pour illustrer le mouvement
de l’homme. Il regarde le mot, le sourire
disparaît, il sort son table et il va dormir. C’est
juste un
mouvement
simple mais on peut comprendre
sa déception.
IV.
comparasion
avec
les autres auteurs que vous avez déjà rencontré
Je
pense que
le
style de Chabouté est semblable
à celui de
Philippe Claudel. Parce qu’ils exploitent
tous les deux le contraste entre le
noir et
le
blanc pour exprimer des
vies minuscules
mais dont les personnages sont animés par des pensées complexes…
multiples, contradictoires. C’est ce qui les rapproche.
II - Lecture de La Morte Amoureuse de Théophile Gautier (troisième partie)
http://theophilegautier.fr/wp-content/uploads/2010/06/La-morte-amoureuse.pdf
Groupe 1 : Jeanne-Éléonore-Pauline
Groupe 2 : Honorine-Alice-Uriel
Groupe 3 : Claire-Dorothée
Groupe 4 : Sandrine-Myriam
L'ombre
gagna le palais, et ce ne fut plus qu'un océan immobile de toits et
de combles où l'on ne distinguait rien qu'une ondulation montueuse.
Sérapion toucha sa mule, dont la mienne prit aussitôt l'allure, et
un coude du chemin me déroba pour toujours la ville de S..., car je
n'y devais pas revenir. Au bout de trois journées de route par des
campagnes assez tristes, nous vîmes poindre à travers les arbres le
coq du clocher de l'église que je devais desservir ; et, après
avoir suivi quelques rues tortueuses bordées de chaumières et de
courtils, nous nous trouvâmes devant la façade, qui n'était pas
d'une grande magnificence. Un porche orné de quelques nervures et de
deux ou trois piliers de grès grossièrement taillés, un toit en
tuiles et des contreforts du même grès que les piliers, c'était
tout : à gauche le cimetière tout plein de hautes herbes, avec une
grande croix de fer au milieu ; à droite et dans l'ombre de
l'église, le presbytère. C'était une maison d'une simplicité
extrême et d'une propreté aride. Nous entrâmes ; quelques poules
picotaient sur la terre de rares grains d'avoine ; accoutumées
apparemment à l'habit noir des ecclésiastiques, elles ne
s'effarouchèrent point de notre présence et se dérangèrent à
peine pour nous laisser passer. Un aboi éraillé et enroué se fit
entendre, et nous vîmes accourir un vieux chien.
C'était
le chien de mon prédécesseur. Il avait l'œil terne, le poil gris
et tous les symptômes de la plus haute vieillesse où puisse
atteindre un chien. Je le flattai doucement de la main, et il se mit
aussitôt à marcher à côté de moi avec un air de satisfaction
inexprimable. Une femme assez âgée, et qui avait été la
gouvernante de l'ancien curé, vint aussi à notre rencontre, et,
après m'avoir fait entrer dans une salle basse, me demanda si mon
intention était de la garder. Je lui répondis que je la garderais,
elle et le chien, et aussi les poules, et tout le mobilier que son
maître lui avait laissé à sa mort, ce qui la fit entrer dans un
transport de joie, l'abbé Sérapion lui ayant donné sur-le-champ le
prix qu'elle en voulait.
Mon
installation faite, l'abbé Sérapion retourna au séminaire. Je
demeurai donc seul et sans autre appui que moi-même. La pensée de
Clarimonde recommença à m'obséder, et, quelques efforts que je
fisse pour la chasser, je n'y parvenais pas toujours. Un soir, en me
promenant dans les allées bordées de buis de mon petit jardin, il
me sembla voir à travers la charmille une forme de femme qui suivait
tous mes mouvements, et entre les feuilles étinceler les deux
prunelles vert de mer ; mais ce n'était qu'une illusion, et, ayant
passé de l'autre côté de l'allée, je n'y trouvai rien qu'une
trace de pied sur le sable, si petit qu'on eût dit un pied d'enfant.
Le jardin était entouré de murailles très hautes ; j'en visitai
tous les coins et recoins, il n'y avait personne. Je n'ai jamais pu
m'expliquer cette circonstance qui, du reste, n'était rien à côté
des étranges choses qui me devaient arriver. Je vivais ainsi depuis
un an, remplissant avec exactitude tous les devoirs de mon état,
priant, jeûnant, exhortant et secourant les malades, faisant
l'aumône jusqu'à me retrancher les nécessités les plus
indispensables. Mais je sentais au dedans de moi une aridité
extrême, et les sources de la grâce m'étaient fermées. Je ne
jouissais pas de ce bonheur que donne l'accomplissement d'une sainte
mission ; mon idée était ailleurs, et les paroles de Clarimonde me
revenaient souvent sur les lèvres comme une espèce de refrain
involontaire. O frère, méditez bien ceci ! Pour avoir levé une
seule fois le regard sur une femme, pour une faute en apparence si
légère, j'ai éprouvé pendant plusieurs années les plus
misérables agitations : ma vie a été troublée à tout jamais.
Je
ne vous retiendrai pas plus longtemps sur ces défaites et sur ces
victoires intérieures toujours suivies de rechutes plus profondes,
et je passerai sur-le-champ à une circonstance décisive. Une nuit
l'on sonna violemment à ma porte. La vieille gouvernante alla
ouvrir, et un homme au teint cuivré et richement vêtu, mais selon
une mode étrangère, avec un long poignard, se dessina sous les
rayons de la lanterne de Barbara. Son premier mouvement fut la
frayeur ; mais l'homme la rassura, et lui dit qu'il avait besoin de
me voir sur-le-champ pour quelque chose qui concernait mon ministère.
Barbara le fit monter. J'allais me mettre au lit. L'homme me dit que
sa maîtresse, une très grande dame, était à l'article de la mort
et désirait un prêtre. Je répondis que j'étais prêt à le suivre
; je pris avec moi ce qu'il fallait pour l'extrême-onction et je
descendis en toute hâte. A la porte piaffaient d'impatience deux
chevaux noirs comme la nuit, et soufflant sur leur poitrail deux
longs flots de fumée. Il me tint l'étrier et m'aida à monter sur
l'un, puis il sauta sur l'autre en appuyant seulement une main sur le
pommeau de la selle. Il serra les genoux et lâcha les guides à son
cheval qui partit comme la flèche. Le mien, dont il tenait la bride,
prit aussi le galop et se maintint dans une égalité parfaite. Nous
dévorions le chemin ; la terre filait sous nous grise et rayée, et
les silhouettes noires des arbres s'enfuyaient comme une armée en
déroute. Nous traversâmes une forêt d'un sombre si opaque et si
glacial, que je me sentis courir sur la peau un frisson de
superstitieuse terreur. Les aigrettes d'étincelles que les fers de
nos chevaux arrachaient aux cailloux laissaient sur notre passage
comme une traînée de feu, et si quelqu'un, à cette heure de nuit,
nous eût vus, mon conducteur et moi, il nous eût pris pour deux
spectres à cheval sur le cauchemar. Des feux follets traversaient de
temps en temps le chemin, et les choucas piaulaient piteusement dans
l'épaisseur du bois où brillaient de loin en loin les yeux
phosphoriques de quelques chats sauvages. La crinière des chevaux
s'échevelait de plus en plus, la sueur ruisselait sur leurs flancs,
et leur haleine sortait bruyante et pressée de leurs narines. Mais,
quand il les voyait faiblir, l'écuyer pour les ranimer poussait un
cri guttural qui n'avait rien d'humain, et la course recommençait
avec furie. Enfin le tourbillon s'arrêta ; une masse noire piquée
de quelques points brillants se dressa subitement devant nous ; les
pas de nos montures sonnèrent plus bruyants sur un plancher ferré,
et nous entrâmes sous une voûte qui ouvrait sa gueule sombre entre
deux énormes tours. Une grande agitation régnait dans le château ;
des domestiques avec des torches à la main traversaient les cours en
tous sens, et des lumières montaient et descendaient de palier en
palier. J'entrevis confusément d'immenses architectures, des
colonnes, des arcades, des perrons et des rampes, un luxe de
construction tout à fait royal et féerique. Un page nègre, le même
qui m'avait donné les tablettes de Clarimonde et que je reconnus à
l'instant, me vint aider à descendre, et un majordome, vêtu de
velours noir avec une chaîne d'or au col et une canne d'ivoire à la
main, s'avança au devant de moi. De grosses larmes débordaient de
ses yeux et coulaient le long de ses joues sur sa barbe blanche. "
Trop tard ! fit-il en hochant la tête, trop tard ! seigneur prêtre
; mais, si vous n'avez pu sauver l'âme, venez veiller le pauvre
corps. " Il me prit par le bras et me conduisit à la salle
funèbre ; je pleurais aussi fort que lui, car j'avais compris que la
morte n'était autre que cette Clarimonde tant et si follement aimée.
Un prie-Dieu était disposé à côté du lit ; une flamme bleuâtre
voltigeant sur une patère de bronze jetait par toute la chambre un
jour faible et douteux, et çà et là faisait papilloter dans
l'ombre quelque arête saillante de meuble ou de corniche. Sur la
table, dans une urne ciselée, trempait une rose blanche fanée dont
les feuilles, à l'exception d'une seule qui tenait encore, étaient
toutes tombées au pied du vase comme des larmes odorantes ; un
masque noir brisé, un éventail, des déguisements de toute espèce,
traînaient sur les fauteuils et faisaient voir que la mort était
arrivée dans cette somptueuse demeure à l'improviste et sans se
faire annoncer. Je m'agenouillai sans oser jeter les yeux sur le lit,
et je me mis à réciter les psaumes avec une grande ferveur,
remerciant Dieu qu'il eût mis la tombe entre l'idée de cette femme
et moi, pour que je pusse ajouter à mes prières son nom désormais
sanctifié. Mais peu à peu cet élan se ralentit, et je tombai en
rêverie. Cette chambre n'avait rien d'une chambre de mort. Au lieu
de l'air fétide et cadavéreux que j'étais accoutumé à respirer
en ces veilles funèbres, une langoureuse fumée d'essences
orientales, je ne sais quelle amoureuse odeur de femme, nageait
doucement dans l'air attiédi. Cette pâle lueur avait plutôt l'air
d'un demi-jour ménagé pour la volupté que de la veilleuse au
reflet jaune qui tremblote près des cadavres. Je songeais au
singulier hasard qui m'avait fait retrouver Clarimonde au moment où
je la perdais pour toujours, et un soupir de regret s'échappa de ma
poitrine. Il me sembla qu'on avait soupiré aussi derrière moi, et
je me retournai involontairement. C'était l'écho. Dans ce
mouvement, mes yeux tombèrent sur le lit de parade qu'ils avaient
jusqu'alors évité. Les rideaux de damas rouge à grandes fleurs,
relevés par des torsades d'or, laissaient voir la morte couchée
tout de son long et les mains jointes sur la poitrine. Elle était
couverte d'un voile de lin d'une blancheur éblouissante, que le
pourpre sombre de la tenture faisait encore mieux ressortir, et d'une
telle finesse qu'il ne dérobait en rien la forme charmante de son
corps et permettait de suivre ces belles lignes onduleuses comme le
cou d'un cygne que la mort même n'avait pu roidir. On eût dit une
statue d'albâtre faite par quelque sculpteur habile pour mettre sur
un tombeau de reine, ou encore une jeune fille endormie sur qui il
aurait neigé.
Pratique du dessin : Métaphore de la dévoration et expression de la vitesse
Réfléchissons comme nous le recommande Scott Mc Cloud.
Celui-ci nous propose plusieurs méthodes pour figurer la vitesse sur une page immobile.
Essayons ces différentes versions pour illustrer ce passage de "la Morte amoureuse" :
"Nous
dévorions le chemin ; la terre filait sous nous grise et rayée, et les
silhouettes noires des arbres s'enfuyaient comme une armée en déroute."
Comment exprimer dans cette scène « merveilleuse » la vitesse extraordinaire des deux montures au galop ?
Réfléchissons comme nous le recommande Scott Mc Cloud.
Celui-ci nous propose plusieurs méthodes pour figurer la vitesse sur une page immobile.
Essayons ces différentes versions pour illustrer ce passage de "la Morte amoureuse" :
"Nous dévorions le chemin ; la terre filait sous nous grise et rayée, et les silhouettes noires des arbres s'enfuyaient comme une armée en déroute."
Comment exprimer dans cette scène « merveilleuse » la vitesse extraordinaire des deux montures au galop ?
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