Wednesday, September 2, 2020

Cours n°1 : L'Étranger d'Albert Camus adapté par Jacques Ferrandez


Préambule
  • Pourquoi appelle-t-on la BD "9ème art"?
  • Quels rapports la BD entretient-elle avec les autres arts ? (Le dessin, la littérature et le cinéma en particulier)
Lecture comparée : 2 extraits de
  • L'Étranger de Camus
  • L'Étranger adapté par Jacques Ferrandez
Éléments d'analyse :
  • Interviews de Jacques Ferrandez
  • Le vocabulaire de la bande dessinée

Exercice pratique : La micro-bio
  • Réalisez vous-même une micro-bio en vous inspirant de celle de 24h01 incluant un autoportrait graphique et une petite note biographique.

Travail pour la semaine prochaine : 
  • Comparez le deuxième extrait du roman L'Étranger : la scène du meurtre. Quels sont les points communs ? Quelles sont les différences ? Quelles sont les difficultés que Ferrandez a rencontrées en adaptant cet extrait ? 




Commentaires de Jacques Ferrandez : l'Incipit

« Impossible de ne pas reprendre le célèbre incipit du roman : “Aujourd'hui, Maman est morte.”Mais je ne savais pas comment l'installer dans le récit. Je ne souhaitais pas garder de voix off : c'est de la bande dessinée, il faut dialoguer les situations pour les rendre vivantes. J'ai donc dû trouver une astuce. Albert Camus m'a fourni la solution : son héros s'assoupit dans le bus, quelques pages plus loin. J'ai profité de cette situation pour opérer un retour en arrière dialogué, et conserver ensuite cette forme de narration. J'ai choisi de faire de Meursault un homme jeune. Pour moi, L'Etranger est un roman sur la jeunesse, il pointe un refus du mensonge et des règles de la société. J'ai pensé à James Dean ou Gérard Philippe pour créer mon héros. Comme je dessine l'intrigue au fur et à mesure, mon trait évolue : au début, je cherche mes personnages, je peine à les rendre ressemblants d'une case à l'autre. Cela va finalement bien à Meursault, qui est si difficilement cernable... » Télérama.fr  





Commentaires de Jacques Ferrandez : "le meurtre"


Comment avez-vous procédé pour adapter cette oeuvre?
Je l’avais relue en travaillant sur Carnets d’Orient: je me souvenais d’une écriture blanche qui tient son lecteur à distance, qui rend l’empathie pour Meursault difficile. J’ai donc lu à nouveau L’Étranger, en cherchant les scènes-clés. Il y a notammentcelle du meurtre, qui pose le plus de problèmes à l’adaptateur. Meursault assassine un Arabe, toutefois l’épisode n’a pas de connotation politique. La victime, je l’ai d’abord dessinée sous les traits d’un homme moustachu, sombre, hostile, mais cela ne fonctionnait pas. J’ai pensé à Pasolini, et j’en ai finalement fait un beau mec, presque un double de Meursault. Une sorte de rapport trouble amour-haine… Je me suis aussi questionné sur le type de narration à adopter : fallait-il garder le monologue à la première personne, qui fonctionne difficilement en BD ? J’ai gardé l’introduction par le narrateur, avant de glisser vers des dialogues.


«Pour moi, adaptateur de L'Étranger en images, la scène du meurtre était cruciale. J'ai beaucoup tourné autour. Il était hors de question de faire glisser le sens du texte du côté de la guerre d'Algérie ou pourquoi pas de l'OAS. L'Arabe, pour moi, n'est pas l'ennemi de Meursault, mais son double. Ce qui se passe entre les deux, dans cet épisode étrange, sur une plage écrasée par le soleil, c'est: “Je t'aime, je te tue.”» 

http://www.lefigaro.fr/livres/2013/04/11/03005-20130411ARTFIG00423-camus-la-ferveur-de-jacques-ferrandez.php

L’Etranger, roman et bande dessinée

Albert Camus, L’Etranger, 1942
Jacques Ferrandez,L’Etranger, d’après l’oeuvre d’Albert Camus, Gallimard, collection « Fétiche », 2013



●  Jacques FERRANDEZ 

Eléments de biographie :

Jacques Ferrandez  est un auteur de bande dessinée (scénariste et illustrateur) français.

Né à Alger en 1955, il n’y a vécu que quelques mois.

En 1987, il commence la série Carnets d'Orient, dix volumes qui relatent la saga d'une famille de pieds-noirs des années 1830 à la fin des années 1950. Une vaste documentation lui a permis de restituer les villes et paysages de l’époque coloniale.

En 2009, il adapte un premier texte de Camus, L’Hôte, une nouvelle extraite de L’Exil et le royaume.

En 2013, pour le centenaire de la naissance de Camus, il adapte L’Etranger.

«L'Étranger est une histoire qui se déroule à Alger dans quelques lieux très définis. Puisque je possède une certaine connaissance de la ville, il était très intéressant pour moi de restituer à la fois l'ambiance de l'époque et l'esprit des lieux.» (Le Figaro.fr, 11.04.2013)

« Beaucoup de choses, et depuis longtemps en effet, me lient à Camus. Il me semble que j’ai grandi avec. Je suis né dans le quartier populaire de Belcourt, à Alger, et mes grands parents avaient un petit magasin de chaussures au 96 rue de Lyon. Albert Camus a passé toute son enfance et son adolescence au 93, en face. Ma grand-mère paternelle et sa mère étaient de la même génération. D’origine espagnole toutes deux, elles se connaissaient en tant que voisines. » 



● La technique

« Là, j’ai au contraire assumé mes particularités : de grands paysages, l’utilisation de doubles pages, des aquarelles lumineuses… » www.bodoi.info

« Les couleurs sont évidemment importantes, puisqu'elles traduisent la lumière. Lorsque j'ai commencé à travailler sur l'Afrique du Nord, je me suis inspiré des peintres orientalistes. Mais c'était trop vif, criard. J'ai opté pour des teintes plus douces, qui montrent mieux l'aveuglement généré par le soleil. » Télérama.fr

« Il était donc essentiel de montrer à quel point la chaleur baigne toute l'histoire, jusqu'au malaise. Elle constitue le fil rouge de ce récit. Il m'a fallu faire passer un sentiment d'écrasement. Je représente un soleil presque enfantin, très codifié. J'utilise là un vocabulaire très « ligne claire », qu'on peut retrouver chez Hergé – notamment lorsqu'il montre le Capitaine Haddock saoul, ou le Professeur Tournesol en pleine confusion : des spirales, des gouttes... » Télérama.fr

LE VOCABULAIRE DE LA BANDE DESSINÉE

Planche : ensemble des cases figurant sur la même page
Stripou bande : suite de trois ou quatre cases disposées horizontalement
Caseou Vignette : unité de base de la bande dessinée, portion d’espace isolée par du blanc et clôturée par un cadre au sein d’une planche

Cadre : ligne entourant chaque vignette
Incrustation : mécanisme par lequel un ou plusieurs cadres sont intégrés dans un autre cadre.
Bulle (philactère) : espace réservé au dialogue ou à la pensée des personnages à l’intérieur de la vignette
Récitatif : texte de commentaire imputable au narrateur
Espace inter-iconique ou inter-images ou inter-cases : espace séparant deux cases de bande dessinée ; le mot peut désigner par extension les images sous-entendues, les ellipses narratives.

Lettrage : écriture manuelle du texte et des onomatopées
source :http://expositions.bnf.fr/bd/reperes/glossaire.htm#plan




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