Ennouvellement SF
Troisième partie
Petits
arrangements entre Libertariens
Les hautes-formes, structures vaguement
inspirées de Portzamparc, se présentaient comme des plates-formes
superposées les unes sur les autres, surmontées d’un toit
terrasse végétal très large où alternaient cultures et jardins
suspendus. On pouvait effectivement penser à ces chapeaux qui
coiffaient les gens de la haute société au siècle de Victor Hugo.
Robin se disait qu’il y avait là une bonne opportunité et que ce
chantier pouvait le mettre à l’abri du besoin pour des années.
Mais il se demandait aussi qui pouvaient bien
financer une telle organisation. Les dépenses pour rendre viables de
telles structures étaient colossales. Ce ne pouvait être les
ingénieurs eux-mêmes. Il eût fallu que chacun d’eux soit
millionnaire, et encore, serait-ce seulement suffisant ? Ça
devait se chiffrer en milliards. Pour l’instant, seuls les
ingénieurs qui assuraient la maintenance semblaient vivre dans de
telles structures mais qui d’autre pourrait se permettre d’y
vivre ? Robin n’allait pas tarder à avoir des éléments de
réponses aux multiples questions qui naissaient au contact de cette
expérience saugrenue.
Kim lui présenta, par écrans interposés,
certains Libertariens avec lesquels il serait susceptible de
collaborer. Ces premières communications prirent assez vite l’allure
de réunion de travail. Ils convinrent assez rapidement que Robin
commencerait à équiper les centres d’épuration, les cuisines
collectives et les sanitaires des parties communes, avant de
s’occuper des espaces privés. Et bien sûr très vite, on aborda
la question des coûts d’un tel équipement et de la rémunération.
Robin ne pouvait établir qu’un devis approximatif. Il faudrait
attendre une visite des différents sites pour entrer dans des
estimations plus précises. Il y aurait sûrement des ajustements et
évidemment le sur-mesure coûterait plus cher. Mais ces estimations
ne semblaient émouvoir personne et l’argent ne semblait pas un
problème. Robin brûlait de leur demander quelles étaient les
sources de financement des seaties…
Une petite dispute éclata qui lui dispensa de poser ouvertement la
question.
- Si on ne se résout pas à mettre en
location un lot conséquent d’appartements, on ne parviendra jamais
à honorer tous nos engagements ni à faire face à tous nos frais
sur le long terme…
C’était Rovel, un ingénieur chimiste
tchèque, spécialiste d’hydrogène, qui s’était exprimé ainsi.
- Nous n’avons pas besoin de sacrifier une
part de notre espace vital qu’on pourrait consacrer à l’accueil
de familles en détresse. Les contrats avec SeaJee-tech et Fut-fut
Cie nous permettront de couvrir en grande partie nos besoins et de
faire tourner la boutique.
Heimerich animait les ateliers de fonderie sur
Seaty 2. Ce serait un interlocuteur certainement important pour
Robin.
- Le parc locatif nous permettrait d’avoir
un revenu stable, une sorte de rente et éviterait d’avoir toujours
à perdre notre temps dans la recherche de financements incertains…
Si nous ne parvenons pas à montrer des résultats probants d’ici
deux ans, on perdra les contrats, nos revenus et adieu l’entreprise
philanthropique...
- On sera en mesure de montrer sous peu des
résultats positifs… Pas de succès, pas d’Arrangeurs’seaties.
Sinon qu’est-ce qui justifie notre existence ? Il n’y a pas
d’autres stabilité
possible que le respect des dogmes libertariens. Si la Nasa honore sa
promesse de contrat, nous serons tranquille pour dix ans.
- Rien n’est moins sûr. Et en se vendant à
l’État Américain, on va perdre notre indépendance et notre âme.
- On ne va pas se vendre ! On peut être
et
libertariens et
réalistes !
Le ton commençait à monter… Kim intervint
en rappelant qu’on ne résoudrait pas la question ainsi, qu’il
faudrait soumettre le problème au vote et prendre une décision
collective. Elle expliqua alors à Robin ce qu’il en retournait…
Les sources de financements étaient multiples. Tout était une
question de proportion. Les différents montages financiers
s’ouvraient sur des perspectives de développements complètement
opposées. Il y avait les partisans de cités d’élites off
shore :
des riches viendraient occuper
une partie des habitations et pourraient assurer la viabilité des
autres activités de la communauté. C’était la position de Rovel.
D’autres optaient pour la prestation de services : revendre à
des entreprises une partie du savoir-faire et des produits de notre
ingénierie. C’était le cas pour la commercialisation des E-car.
La concurrence serait rude mais c’était de loin la perspective la
plus intéressante. Il y avait une troisième voie.
- On peut aussi participer à des programmes
d’innovations et d’expérimentation de grande envergure soutenus
par des programmes d’État aux financements quasi illimités, comme
cette promesse de contrat avec la Nasa. Évidemment, la présence de
l’État américain inquiète les Libertariens. C’est
potentiellement contraire au dogme. Et la majorité d’entre nous ne
veut pas en entendre parler. Dans les faits, pour le moment, tout est
bon à prendre, il faut composer avec ce qu’on a.
-
Mais qu’est-ce que la Nasa vient faire là ?
- C’est simple. Notre communauté est un
modèle de développement. Nous sommes un futur possible de
l’humanité. Notre organisation est reproductible. Sur mer. Sur
terre. Mais aussi dans l’espace !
« Ils sont complètement siphonnés »,
se dit Robin pour lui-même.
Kim lui proposa de prendre un E-car pour une
petite initiation et de faire un tour des différentes seaties.
Ce n’est pas sans appréhension que Robin s’engouffra dans la
cabine de pilotage. Le visage serein de Kim l’attendait déjà. Le
ciel était dégagé. Pas de nuage menaçant à l’horizon. Ni de
coup de vent intempestif… Il était en partie rassuré. Les rotors
se mirent en marche. E-car commença à s’élever légèrement.
Robin avait les mains sur les commandes. Kim se chargeait pour le
moment de programmer la hauteur de vol. Il n’avait qu’à assurer
le déplacement horizontal. Translation, rotation : simplissime.
Il se dirigea vers la sortie. L’E-car fit un léger mouvement
d’affaissement en franchissant la porte de sortie de la
haute-forme, mouvement presque instantanément compensé. Il était à
vingt mètres au-dessus de la surface de l’eau. Il parcourut sans
difficulté une centaine de mètres, se stabilisa et fit faire à
l’E-car un tour de 360 degrés sur lui-même. Il ne put réprimer
un rire enfantin. Il opéra un deuxième tour plus lentement. Le
spectacle était magnifique. Les cinq seaties
étaient parfaitement visibles. Chaque haute-forme avait une
silhouette différente. Elles étaient toutes surmontées de plateaux
agricoles mais l’une semblait entourer un lagon et faisait une
demi-lune. Une autre était plutôt pyramidale. Une troisième
formait plutôt une arche. On voyait bien que ces cités flottantes
n’étaient pas toutes achevées mais leur dessin était déjà
largement abouti. D’après Kim, leurs formes étaient aussi
déterminées par le sol marin sur lequel elles reposaient. Elle
convint avec Robin qu’elle l’accompagnerait la première
demi-heure pour s’assurer qu’il maîtrisait toutes les commandes
et, passé ce laps de temps, qu’elle vaquerait ensuite à ses
occupations. Il se balada ainsi d’une Seatie
à l’autre. Il lui suffirait de l’appeler et elle l’assisterait
pour le retour au bercail. Ils répétèrent plusieurs jours de suite
l’opération. Robin maîtrisait bien l’engin volant désormais.
Il était extrêmement maniable et ne requerait en effet pas de
compétences particulières. Kim lui avait indiqué plusieurs atolls
accessibles à moins d’une heure de vol et il se promettait d’aller
se détendre sur l’une d’elle le lendemain. Enfin, il était
libre d’aller où il voulait s’il respectait l’isolement
prescrit par la quarantaine.
Celle-ci touchait bientôt à sa fin et il
pourrait alors se mettre vraiment au travail. Il étudiait les plans
des systèmes de canalisation qu’on lui avait soumis. Il n’y
avait aucune uniformité. C’était assez complexe car plusieurs
ingénieurs avaient pensé le système en fonction de leur priorité.
C’était du bricolage de grande ampleur et il n’osait encore
imaginer ce que ça donnerait sur le terrain. Ce bricolage était
bien plus qu’un simple pis-aller pratique, c’était au contraire
un principe et un mot-d’ordre, inhérent à la philosophie
libertarienne développée par les Arrangeurs. C’était une manière
de transformer un vilain défaut en rituel enthousiasmant.
Kim lui avait annoncé une petite fête pour
célébrer la fin de la quarantaine. Robin se dirigeait vers un atoll
situé à 10 km au nord-est des Seaties.
C’était le troisième de ces morceaux de terre paradisiaque qu’il
visitait. Inhabitable car battu par les vents et couvert
régulièrement par les eaux. Par beau temps, les atolls
constituaient des escales de sables blonds où passer une après-midi,
pique-niquer, se baigner nu. Barboter seul ou à deux. Robin
s’imaginait inviter Kim à l’une de ces excursions. Il se promit
dès qu’il le pourrait de le faire. Il en était là de ses
phantasmes quand il vit une embarcation située à quelques centaines
de mètres. Il se demanda si elle n’appartenait pas à la
communauté et s’approcha avec insouciance pour s’en assurer.
L’embarcation ressemblait plutôt à un navire de pêche. Un marin
lui fit un signe qu’il ne sut pas interpréter. Il était à moins
de 50 mètres quand il entendit une détonation. Puis une deuxième.
On lui tirait dessus. L’E-car était touché. Le moniteur
grésillait, il perdait le contrôle du véhicule. Il chutait.
L’E-car percuta la surface de l’eau. Catastrophe ! Le
cockpit était encore étanche par chance. Il fallait prévenir.
Envoyer un message de détresse. Mais Robin paniqué voyait le navire
faire route agressivement dans sa direction. Kim ne répondait pas…
Il avait enclenché la procédure d’urgence en tirant sur le levier
de détresse mais celui-ci avait-il fonctionné ? Trop tard, le
navire l’abordait. Il était capturé. Mais par qui ?
On le mettait en joue. Ce n’était pas des
gardes de côtes. Ce n’était pas des militaires d’un corps de la
Marine japonaise. Ce n’était pas non plus des enfants de cœur.
Ils avaient des têtes de Yakuza en colère. Ils tirèrent une
nouvelle fois dans l’eau, juste à deux doigts du cockpit et lui
répétèrent le signe de monter à bord. Il n’y avait pas moyen de
discuter… Une échelle de cordes était à sa portée. Il était
sur le point de grimper. C’était la fin de son aventure auprès
des Arrangeurs… D’autres tirs provenant du navire éclatèrent.
Ce n’était pas sur lui qu’on tirait cette fois. Il vit un des
marins patibulaires brandir un harpon et le jeter violemment dans
l’eau… On ne se préoccupait plus de lui. Robin ne comprenait
plus rien… jusqu’à ce qu’il vit un E-car jaillir de l’eau et
ricocher sur la coque à tribord du navire. Puis un deuxième qui le
percuta violemment à babord, ce qui eut pour effet de déséquilibrer
un marin qui tomba à l’eau… Sortirent des flots une
demi-douzaine d’E-cars qui harcelèrent ainsi le navire agresseur.
Un autre faisait surface juste devant lui. Kim était à bord. Elle
lui fit signe que tout allait bien. Un bras mobile trancha les liens
qui maintenaient son E-car prisonnier et elle s’apprêta à le
remorquer grâce à ce même bras mobile qui l’attrapait par
l’avant… Ils s’éloignèrent ainsi de la zone de combat.
L’écran était HS. De retour dans son appartement, au siège des
Arrangeurs, elle lui expliqua ce qui s’était passé. Des
braconniers japonais qui chassaient principalement la baleine,
opéraient dans la région. Ils avaient régulièrement des
altercations pour éloigner ces pirates… On appelaient les
autorités maritimes japonaises pour qu’elles interviennent mais
celles-ci faisaient la sourde oreille. Les Arrangeurs les avaient
repérés sur leur radar. C’était la première fois qu’ils se
montraient aussi agressifs. Il faudrait à l’avenir être plus
prudent.
Le soir même, un médecin du bord lui fit
passer test PCR, test de sérologie, test salivaire. La quarantaine
était enfin terminée. Une petite fête pour célébrer sa
délivrance était organisée. Kim lui expliqua que, en réalité,
tous les prétexte étaient bons pour se réunir et faire le bœuf.
Dans les Communs était
improvisée une salle de concert. On y servait une bière de
fabrication artisanale qui avait un arrière goût de crabe. On s’y
faisait. Comme beaucoup de choses, c’était une question
d’habitude. Il y avait plusieurs musiciens parmi eux. Kim
participait elle-même à la jam-session. Elle était guitariste,
bassiste, adepte du free-jazz et parfois, elle se laissait même
aller à chanter. C’était une surprise.
Robin comptait sur ses doigts :
- Libriste, libertarien, libéral, libertaire,
maintenant free jazz… et pourquoi pas libertin ? Entre free
software et freejazz, j’avoue que je suis perdu. Le concept de
liberté est partout. Vous faites comment pour vous y retrouver ?
- Ah ah, pas facile en effet… Je te
l’accorde. « Libre » veut dire à la fois tout et son
contraire, mais quand je dis que je suis suis libriste et
libertarienne et que je fais du freestyle tous les vendredis, je suis
en accord avec moi-même. Je vais t’expliquer.
- Merci d’éclairer ma petite lanterne de
pauvre robinetier ingénu...
- Reprenons depuis le début. Je suis libriste
à la base. C’est-à-dire qu’en tant qu’informaticienne,
j’adhère au mouvement du logiciel libre, conformément aux
principes de Richard Stallman. Tu vois de quoi il s’agit ?
- Oui. Enfin vaguement.
- Je te rafraîchis la mémoire. Au siècle
dernier, à la fin des années 70, Stallman, étudiant au MIT, s’est
aperçu que le code source de son imprimante n’était pas
accessible et qu’il ne pouvait pas modifier l’imprimante comme il
le voulait. Il a donc décidé de protester contre le principe de
propriété qui commençait à toucher le monde de l’informatique.
Et depuis lors il a milité pour défendre nos droits et mettre au
point des logiciels libres. Pour lui, un logiciel doit pouvoir être
exécuté ; son contenu - c’est à dire son code source - doit
pouvoir être étudié ; on doit pouvoir le redistribuer ;
on doit enfin redistribuer ses modifications et
tout cela librement. Ce sont les 4 principes du mouvement libriste.
Microsoft et Apple ont verrouillé progressivement tous leurs
logiciels, s’assurant le monopole des produits informatiques. C’est
de ce rejet de l’hégémonie capitaliste qu’est né le mouvement
des hackers.
Robin ne put s’empêcher d’ironiser
gentiment.
- Quelle chance ! J’ai été sauvé des
filets de pirates japonais grâce à l’intervention d’un hackeur.
C’est le comble, non ?
- Non. Contrairement à l’acception
communément admise, hackeur
ne veut pas dire « pirate »… littéralement, cela veut
plutôt dire « bidouilleur ». C’est le fait de ne pas
se contenter de programmes tout faits qu’on nous vend sans droit de
regard... ne pas prendre pour argent comptant tout ce qu’on nous
dit… ne pas se laisser dépouiller par des firmes sans scrupules
qui cherchent à faire du profit sur notre crédulité… chercher à
savoir par soi-même et partager ensuite ce savoir… ne pas se
laisser berner non plus par des multinationales arrogantes et sans
scrupules...
- … ne pas suivre non plus comme des moutons
de Panurge les désirs faussement bienveillants d’une bureaucratie
d’État insensible, capricieuse et ignorante… surenchérit Rovel.
- hacker
c’est « bricoler »… C’est un point autour duquel
tout le monde se retrouve ici… On est à peu près tous d’accord,
malgré nos incessantes disputes, pour dire que c’est la base de la
science et de l’expérimentation. On ne se contente pas des vérités
transmises. On teste toutes les limites. On remet en cause les
savoirs acquis et on cherche à inventer notre quotidien, ni plus ni
moins.
- C’est aussi pour ça qu’il est difficile
pour nous de trouver une feuille de route commune à respecter… car
demain reste à inventer et, par définition, il n’est pas lisible
dans le présent…
C’était Heimerich qui avait pris la parole
cette fois. Il avait dans les mains une clarinette faite avec des
tubes de PVC, branchée à un ampli. Le
mec qui parlait savait de tout évidence ce que signifiait le mot
bricolage. Il reprit :
- L’invention du quotidien est le dogme des
arrangeurs libertariens. La physis
elle-même est un long, immense et déraisonné bricolage perpétuel,
qu’on la prenne sous l’angle de Darwin, d’Edison, de Planck, de
Wittgenstein ou de Lévi-Strauss. En biologie, en physique, en
philosophie des sciences ou en anthropologie, tout vient de là. S’il
doit y avoir un Dieu, c’est celui-là, le Dieu Bricole !
- Hackeur, libriste et libertarien, c’est
pareil alors ?
- Pas du tout.
- Rien à voir.
- Disons que les intérêts des uns peuvent
converger vers les préoccupations des autres… tu saisis ?
- Tout le monde ici n’est pas libriste. Même
si tout le monde touche un peu sa bille en informatique. Tout le
monde en revanche doit accepter les principes libertariens. Chaque
membre de la communauté dispose d’un droit de propriété et d’un
espace correspondant plus ou moins à un appartement dont il est
l’unique propriétaire. Il
est libre d’en faire ce qu’il veut. De le vendre même, si le
projet Arrangers’sities
ne lui convient plus. Cette propriété est inaliénable. Mais ce
droit de propriété est compensé par l’existence des Communs, ces
biens qui n’appartiennent à personne - en théorie au moins.
L’eau, l’air, le soleil, l’exploitation énergétique qu’on
en retire, les espaces publics où l’on vit en communauté, ou
encore... les logiciels libres. Évidemment il y a des organismes
prédateurs qui privatisent tout. Même l’air peut-être privatisé.
Il faut donc contrôler ce mouvement de privatisation pour garantir
l’existence des Communs tout en protégeant le droit à la
propriété. Difficile équilibre.
- C’est là qu’il y a discorde bien sûr.
La communauté regroupe, sur cette même base, des libertariens dits
de droite ou bien des libertariens dits de gauche…
- Pour éviter que la discorde ne l’emporte,
on respecte un rapport de proportion. Propriété et communs sont des
biens dont les limites sont définies à l’avance. Le produit issu
de la propriété reste à disposition du propriétaire. Il est libre
de capitaliser s’il le souhaite. Les produits issus des communs
restent des biens communs. Ils ne peuvent être possédés que par
l’ensemble de la communauté ou vendus à condition que les
bénéfices reviennent à la communauté.
- Le bricolage,
c’est l’équilibre.
- Libriste et équilibriste alors.
- Voilà, tu y es presque….
- Pour appartenir
à la communauté des Libertariens, il ne faut pas seulement se
contenter de maîtriser une discipline de l’ingénierie. Il faut
aussi se distinguer dans une discipline artistique. Nous sommes
convaincus que pour servir le dogme de « l’inventivité du
quotidien » et passer de la théorie à la pratique, il faut
réconcilier les sciences et les arts. Nous sommes tous ici à cheval
entre plusieurs disciplines.
- En ce qui me concerne, j’ai été recruté
parce que j’étais informaticienne mais aussi guitariste.
-
Moi, je suis peintre et métallurgiste...
-
Je suis aussi musicien et spécialiste de la mécanique des fluides.
-
Je crois que je commence à comprendre les enjeux des Seaties.
- Tant mieux car c’est le moment de vous
soumettre une demande. Maintenant que nous n’avons plus de secret
pour vous, voudriez-vous faire partie de la communauté des
Arrangeurs ?
- Heu... c’est-à-dire que... je suis
ingénieur certes mais je n’ai pas les compétences… artistiques
requises… je..
- Au contraire, nous avons fait appel à vous
précisément
parce
que vous disposez des compétences
requises. Sans le « Griffo de Brancusi », nous ne vous
aurions jamais contacté. Vous êtes ingénieur, designer, sculpteur.
Vous avez exactement le profil qui nous convient !
- Mais je…
-
Nous avons besoin de vous, M. Délaube.
- Prenez votre temps… Vous n’êtes pas
obligé de répondre sur le champ... Nous avons encore plusieurs
semaines pour faire connaissance...
à suivre